Un folklore printanier d’Ardenne

La fête du Trimoset est une tradition aujourd’hui presque oubliée, mais qui a longtemps marqué le mois de mai dans plusieurs villages de l’Ardenne, notamment autour de Carlsbourg et dans l’entité de Paliseul. Elle mêlait ferveur religieuse, convivialité villageoise et un charme tout printanier.

Origines et signification

Le mot Trimoset viendrait probablement d’une déformation dialectale ou ancienne désignation liée au « mois de Marie ». Dans la tradition catholique, le mois de mai est consacré à la Vierge Marie, symbole de pureté et de renouveau. Le Trimoset reprenait cet esprit, tout en servant un but pratique : récolter des fonds pour l’entretien de l’église et de ses ornements.

Le rituel du mois de Marie

Chaque dimanche de mai, de petites filles vêtues de blanc parcouraient les rues du village de maison en maison. Deux d’entre elles, coiffées d’une couronne, avaient l’honneur d’exécuter une petite ronde en se croisant, main gantée sur le cœur, en signe de révérence. Les autres chantaient des cantiques en l’honneur de la Vierge :

C’est le mois de Marie,
C’est le mois le plus beau,
À la Vierge chérie,
Chantons un chant nouveau…

Quand les habitants donnaient leur obole, souvent quelques pièces, les enfants ajoutaient un couplet de remerciement :

Nous vous remercions, Madame,
De vos bienfaits et de vos dons,
Vivez longtemps, vivez contents,
Vivez aussi joyeusement, Madame…

Un mélange de foi et de lien social

Le Trimoset n’était pas qu’une collecte : c’était aussi un moment de rencontre, où les maisons ouvraient leurs portes aux enfants, et où le village entier se parait de fleurs et de décorations en l’honneur de Marie. Cette ronde chantée créait un lien fort entre générations et rappelait, au cœur du printemps, l’importance de la solidarité et de la communauté.

Une tradition à préserver ?

Si cette coutume a peu à peu disparu à partir de la seconde moitié du XXe siècle, elle reste vivante dans la mémoire de celles et ceux qui l’ont vécue. Des photos anciennes, comme celles prises derrière l’ancienne école des filles de Carlsbourg (Grand’Rue / Rue des Socquettes), en témoignent. Aujourd’hui, évoquer le Trimoset, c’est raviver un parfum de lilas, de chants enfantins et de mai en fête.


Sources et témoignages :

  • Témoignages Facebook – Martine Jacques & page « Carlsbourg mon village »
  • Mémoire locale de Carlsbourg (M.H. Denis)
  • Tradition orale de l’entité de Paliseul
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