L’archiviste général du Royaume Joseph Cuvelier a publié en 1923 dans le Bulletin officiel du TCB une intéressante monographie basée sur la découverte d’un manuscrit dans les Archives de Florence. Ce document s’est avéré être la relation officielle de voyages effectués entre 1667 et 1669 par le grand-duc de Toscane, Cosme III de Médicis, dans différents pays du nord de l'Europe (Angleterre, Hollande, Pays-Bas).

Nous nous intéresserons à un périple commencé le 19 juillet 1669 lors duquel Cosme de Médicis, se trouvant à Aix-la-Chapelle, se mit en route vers la France en traversant pour partie notre pays. Pour cheminer sûrement, Cosme « s’était fait escorter par un grand nombre de fantassins l’accompagnant à travers un pays montueux et boisé ».

Après Limbourg, Dolhain et le Spa des bals mondains, le convoi s’ébranla dans la matinée du 24 juillet pour s’enfoncer dans l’Ardenne profonde, et rejoignit par des routes assez mauvaises le château de Barvaux-en-Condroz. « A son arrivée, Son Altesse fut saluée par la décharge de quelques pièces d'artillerie servant à la garnison. Elle rendit visite à quelques dames parentes du baron, qui s'étaient préparées à recevoir le duc. Elles furent probablement quelque peu désillusionnées en apprenant que, selon la coutume, le duc désira manger seul dans sa chambre, et elles durent se contenter de quelques gentilshommes de la suite, qui firent d'ailleurs honneur aux préparatifs considérables qui avaient été faits. Ils se divertirent longtemps à table, où, en compagnie des seigneurs du pays, ils burent démesurément » !

Le 25, le duc assista à la messe matinale de Barvaux, puis se remit en route vers Rochefort, place passablement fortifiée, parce que formant la frontière du duché de Bouillon.

Après y avoir dîné, le duc continua son voyage vers Paliseul où il arriva en fin d’après-midi.

Ce « misérable village était tellement dépourvu de commodité que tous les gens de la suite furent contraints de passer la nuit sur la paille. C'est à peine si l'on y découvrit une chambre convenable pour y étendre le lit de Son Altesse… »Le matin du 26, le duc continua son périple en bordure de la « fameuse forêt d'Ardenne et arriva pour dîner à Bouillon, château-fort situé sur une éminence qu'avoisine la Smoy (Semois) »…

Si l’on en croit le compagnon de voyage et auteur du texte, nul doute que cette nuit du 25 juillet 1669 passée dans notre village a laissé un souvenir impérissable à ce grand-duc austère et bigot.

La morale de l’histoire est qu’on ne peut pas tout avoir où que l’on aille, fut-on Grand-Duc. C’est ce que durent se dire nos ancêtres, en voyant tous ces beaux seigneurs entassés pour la nuit sur la paille des granges paliseuloises…
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