Origines et développement

L’histoire de Devilca remonte à 1927, lorsque la société Devillez & Camion, active à Bouillon dans la quincaillerie et le travail du métal, décide d’ouvrir une succursale à Paliseul. L’usine s’installe rue de l’Industrie (aussi appelée rue de l’Usine), sur un vaste terrain de plus de 6 hectares.

En 1974, une fusion avec la Ferronnerie Bouillonnaise donne naissance à Devilca FB. L’entreprise se spécialise alors dans la chaudronnerie de précision, les traitements de surface et la fabrication de pièces métalliques destinées à l’industrie.

Activité et apogée

Au fil des décennies, Devilca devient un acteur industriel important en Ardenne.

  • Elle fabrique principalement des réservoirs métalliques pour engins de chantier et de génie civil.
  • Le client principal est Caterpillar Gosselies, qui représentera jusqu’à 80 à 90 % des commandes.
  • L’usine emploie entre 60 et 70 ouvriers et employés, ce qui en fait l’un des principaux employeurs de Paliseul dans les années 1990-2000.

La dépendance quasi totale à Caterpillar assurera la prospérité de Devilca… mais causera aussi sa perte.

Déclin et faillite

En décembre 2013, Caterpillar cesse brutalement ses commandes, préférant délocaliser une partie de la production en Europe de l’Est.

Sans possibilité de diversification rapide, Devilca dépose le bilan et se déclare en faillite le 24 mars 2014.

Environ 65 à 68 travailleurs perdent leur emploi, ce qui marque un choc pour la commune et toute la région.

Un site industriel à l’abandon

Après la faillite, les bâtiments restent vides. Le site, immense, s’étend sur 67 000 m² et devient rapidement une friche industrielle.

Dès 1996, des pollutions avaient été identifiées (métaux lourds, huiles minérales, cyanures, amiante). Celles-ci compliquent toute réaffectation et font de Devilca un Site à Réaménager (SAR) reconnu par la Région wallonne en 2018.

Dépollution et avenir

La gestion du dossier est reprise par la commune de Paliseul, en collaboration avec Idélux et la SPAQUE.

Un budget d’environ 8 millions d’euros est débloqué grâce à des fonds européens (FEDER) et régionaux (Plan de Relance de la Wallonie).Le calendrier prévu :

  • Octobre 2025 → juin 2026 : démolition et déconstruction des bâtiments existants ;
  • Deuxième trimestre 2026 : excavation et traitement des sols pollués ;
  • Réutilisation des bétons concassés comme remblais après analyses.

Les premiers travaux visibles sont donc attendus au printemps 2026, avec l’objectif de rendre le terrain sain et réutilisable pour de nouveaux projets économiques ou collectifs.

Héritage et mémoire locale

Pour beaucoup d’anciens ouvriers, Devilca symbolise :

  • une opportunité d’emploi dans un coin rural où les grandes usines étaient rares ;
  • une ambiance de travail familiale, propre aux PME industrielles de l’époque ;
  • mais aussi la fragilité d’une dépendance unique à un donneur d’ordre.

Aujourd’hui, le site Devilca reste inscrit dans la mémoire collective de Paliseul : il représente à la fois l’âge industriel du village et l’espoir d’une reconversion future après la dépollution.


Sources

  • SPAQUE – Présentation du projet Devilca (réunion publique, 2 juillet 2025)
  • L’Avenir (édition Luxembourg), articles sur la faillite et la reconversion du site (2014–2025)
  • TV Lux – Reportages sur la faillite (mars 2014) et sur la réhabilitation (2025)
  • Commune de Paliseul – Communications officielles (dossier SAR Devilca)
  • Archives économiques et industrielles : Devillez & Camion, Ferronnerie bouillonnaise, fusion 1974
  • Groupe Facebook Paliseul d’Antan – témoignages et mémoire ouvrière locale
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