Nul n’ignore que la dynastie carolingienne était, pour une grande part originaire de la région liégeoise (Herstal, Jupille). Pépin de Herstal fut le père de Charles Martel, lui-même géniteur de Pépin le Bref. Ce Pépin, premier roi carolingien, donna naissance au grand Charlemagne. Mais beaucoup ignorent que Pépin Le Bref venait chasser dans notre région. La forêt d’Ardennes était réputée pour la qualité et le courage de son gibier. A l’époque, outre des cerfs, des chevreuils et des bouquetins, les bois et clairières étaient peuplés de loups, de lynx et de très gros ours bruns. Pépin, bien que pas grand, était vaillant comme le sont tous les Ardennais. Il amenait souvent ses chevaliers entre Lesse et Semois. Tous les trimestres, il venait loger et faire ripaille dans une auberge du village d’Opont, chez les Martinus. Il adorait les saucisses que le père Martinus faisait revenir de la ferme-triperie de son cousin établi à Naomé, le village voisin. La cervoise, brassée à Rochehaut chez les Boretus, coulait alors à flot dans l’auberge. Parfois, le fermier Petrus ramenait un tonneau de 100 litres de vin de la Gaule du sud et le revendait à l’hôtelier. Mis en perce le soir de l’arrivée de la troupe de Pépin, il se retrouvait vide deux jours plus tard. Mais notre Pipinide maire de palais devenu roi, avait une cour de plus en plus imposante. L’établissement du Martinus ne suffisait plus pour loger tout ce beau monde. Contraint et forcé, le roi des Francs décida de construire un relais de chasse que les habitants du coin appelèrent bien vite le petit palais. Il choisit un emplacement situé à trois kilomètres d’Opont, sur une butte qui lui permettait également de faire surveiller, par ses soldats, les éventuelles incursions de reitres et de brigands. Comme il arrive souvent dans un tel cas, des gens vinrent s’établir à proximité du petit palais, tout autant pour profiter de la protection du roi que pour y développer des activités lucratives grâce à la présence de la cour et des miliciens qui l’accompagnaient. C’est tout naturellement que la bourgade prit le nom de Palaiseau qui devint, des siècles plus tard, Paliseul. S’il vous plaît, ne dites pas aux Grenouilles de Paliseul que leur commune est née grâce à un aubergiste d’Opont. Ils ne vous croiraient pas ! Si des archéologues décidaient d’entreprendre des fouilles sous l’église de Paliseul, ils y trouveraient les ruines du petit palais et qui sait, un broc en terre cuite marqué à l’enseigne de la Taverne opontoise. Je vous livre aussi une information restée longtemps confidentielle. Pendant de nombreuses années, Pépin revint avec ses plus fidèles chevaliers chez les Martinus. Les chroniqueurs pensaient que c’était pour y fêter dignement des chasses fructueuses car il amenait toujours avec lui deux ou trois sangliers et autant de chevreuils. Mais dans le village d’Opont, tout le monde savait que ce qui intéressait plus que tout le père de Charlemagne, c’était la jolie Berthe, fille de l’aubergiste. Et ce qui devait arriver, arriva. Berthe devint de plus en plus grosse, rondeur à ne pas confondre avec l’obésité. Mais Pépin était déjà marié. Lorsqu’une mauvaise langue rapporta à Bertrade de Laon que son époux avait ajouté à son tableau de chasse une belle roturière, le mari volage fut mis en demeure de ne plus mettre un pied à Opont. Pépin ne se mit pas martel en tête. Il délaissa la douce Berthe non sans la doter d’un confortable dédommagement. La brave fille, ne révéla jamais le nom du père de Charles, son fils naturel. Ce qui fait que l’enfant porta le nom des Martinus. Jacqueline, une généalogiste réputée de Paliseul, m’a dit qu’à son grand étonnement, des analyses ADN effectuées récemment sur la population du village d’Opont révèlent que la moitié de ceux-ci comptent Charlemagne dans leurs ancêtres. Vous savez maintenant pourquoi.