Carlsbourg, aujourd’hui paisible village de la commune de Paliseul, portait autrefois le nom de Saussure, du mot wallon saussaie, qui désignait un lieu planté de saules. Cette appellation ancienne témoigne du paysage humide et arboré dans lequel le village s’enracine. Le 10 août 1757, à l’initiative de Charles Godefroy de La Tour d’Auvergne, duc souverain de Bouillon, le nom du village est changé en Carlsbourg, en son propre honneur, accompagné d’un nouveau blason.La vie religieuse à Carlsbourg ne débute toutefois pas au XVIIIe siècle, mais bien plus tôt. Une première chapelle est attestée dès 1684, répondant aux besoins spirituels d’une population locale qui dépendait alors de la paroisse-mère de Paliseul. En 1657, on y installe des fonts baptismaux, signe que l’on commence à y célébrer des sacrements sans devoir se rendre à Paliseul.La création officielle d’un vicariat local remonte à 1710. C’est à cette époque que les habitants obtiennent la présence d’un prêtre résidant, chargé de desservir cette communauté en croissance. Ce vicariat deviendra progressivement une paroisse à part entière.
La chapelle primitive, bien qu’agrandie et transformée au fil des siècles, était devenue insuffisante au début du XXe siècle. Elle ne répondait plus ni aux normes de sécurité ni aux exigences d’une communauté paroissiale grandissante.Entre 1912 et 1913, l’église actuelle est construite sous la direction de l’architecte Henry Richard. Le style retenu est le néo-gothique, alors en vogue dans les campagnes belges pour affirmer à la fois tradition et renouveau. L’église est bâtie en roche locale éclatée, avec une façade dominée par une tour carrée, trois nefs, et un chevet plat. À l’intérieur, la sobriété de la pierre est compensée par une lumière apaisante et une disposition liturgique simple mais majestueuse.L’église est bénie à la fin de l’année 1913 par l’abbé Arnould, alors curé de la paroisse. Elle est dédiée à Sainte Gertrude de Nivelles, figure fondatrice de la foi chrétienne dans les régions franques.
Durant la Seconde Guerre mondiale, les troupes allemandes réquisitionnent les trois cloches de l’église afin de les fondre pour fabriquer du matériel militaire. Par chance, ces cloches sont retrouvées et restituées à la paroisse après la Libération.En 1983, une violente tempête endommage sérieusement le clocher. Celui-ci est reconstruit dans les mois suivants grâce à la mobilisation des paroissiens et à l’intervention des autorités locales. Ce fait marque l’attachement profond des habitants à leur église, bien au-delà de son rôle strictement religieux.
L’église Sainte-Gertrude se distingue par son volume équilibré, ses proportions élégantes et la qualité de sa maçonnerie. Les trois nefs lui donnent un aspect à la fois spacieux et chaleureux. La tour carrée en façade, typique de l’architecture religieuse rurale du sud de la Belgique, sert de clocher et de porche d’entrée.L’édifice est aujourd’hui adapté aux besoins des personnes à mobilité réduite, et une boucle magnétique est installée pour les personnes malentendantes, signe d’une volonté d’accueil universel.
L’église est non seulement un lieu de culte, mais aussi un centre de vie sociale et culturelle. En 2013, elle célèbre avec ferveur son centenaire à travers concerts, expositions, et rassemblements communautaires. Ces festivités réunissent habitants, anciens élèves du village, et visiteurs curieux du patrimoine local.La paroisse reste active : célébrations dominicales, baptêmes, mariages, funérailles, veillées de prière, et messes familiales y sont régulièrement organisés. L’église est aussi le théâtre d’événements culturels liés à la musique ou à l’histoire locale.
La paroisse est placée sous le patronage de Sainte Gertrude de Nivelles (626‑659), une abbesse mérovingienne réputée pour sa piété, son savoir et sa bienveillance. Elle fonda le monastère de Nivelles en Brabant et est souvent invoquée comme protectrice des voyageurs, des pauvres, des animaux domestiques et contre les rongeurs.Son culte, très répandu au Moyen Âge le long des routes commerciales du Saint-Empire, a trouvé écho dans le sud de la Belgique, notamment dans les villages autrefois rattachés à des seigneuries ecclésiastiques.
Carlsbourg n’est pas uniquement connu pour son église. À proximité immédiate se trouve l’ancien château du duc de Bouillon, transformé en 1844 en école agricole et pédagogique : l’Institut Saint-Joseph. Il fut dirigé par les Frères des Écoles Chrétiennes et joua un rôle crucial dans l’enseignement rural de toute la région jusque dans la seconde moitié du XXe siècle.Carlsbourg a aussi été marqué par une vie artisanale riche, notamment avec la laiterie de Carlsbourg, renommée pour son beurre – produit localement avant d’être externalisé à Arlon.
Date | Événement |
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Avant 1657 | Dépendance religieuse de Paliseul |
1657 | Installation des fonts baptismaux |
1684 | Mention d’une première chapelle |
1710 | Création d’un vicariat à Saussure |
1757 | Le village devient « Carlsbourg » |
1912-1913 | Construction de l’église actuelle |
1943-45 | Les cloches sont réquisitionnées par les nazis |
1983 | Réfection du clocher après tempête |
2013 | Célébration du centenaire de l’église |