La chapelle Saint-Roch à Paliseul

Une mémoire de foi, de peste et de résilience

Située à l’entrée orientale de Paliseul, à la croisée des routes de Maissin et de Verlaine, la chapelle Saint-Roch incarne un pan précieux de l’histoire locale, mêlant foi populaire, architecture rurale et mémoire collective.Son origine remonte à l’année 1636, en pleine guerre de Trente Ans. Cette période fut marquée dans les campagnes ardennaises par la peur des invasions et surtout par la peste. Comme dans de nombreuses régions d’Europe, la population se tourna alors vers Saint Roch, protecteur des pestiférés. En reconnaissance ou en appel à sa protection, les habitants de Paliseul décidèrent d’ériger une chapelle en son honneur. Ce petit édifice devint alors un symbole d’espoir et de dévotion pour plusieurs générations.Un tilleul fut planté à côté du sanctuaire cette même année, symbole de renouveau. Cet arbre, qui survivra plus de trois siècles, deviendra à son tour un monument du paysage et du patrimoine, avant d’être malheureusement abattu par la tempête de 1999.L’architecture de la chapelle est caractéristique des édifices ruraux du XVIIᵉ siècle en Ardenne : une nef unique simple, deux travées, un chevet en trois pans égaux, le tout bâti en moellons de grès et de calcaire locaux. Le clocher attire particulièrement l’attention : dépourvu de cloche, il se compose d’une suite de volumes géométriques superposés, une silhouette étonnante et équilibrée, couronnée d’une croix.À l’entrée, une plaque de métal gravée « ICI LE BLO S ROC 1636 » rappelle l’origine votive du lieu. Pendant des siècles, les habitants ont entretenu ce sanctuaire avec respect et piété, s’y rendant en procession notamment lors de périodes de maladie ou de sécheresse.En 1982, la chapelle fut reconnue comme monument protégé par la Région wallonne, témoignage de sa valeur patrimoniale. Cinq ans plus tard, une restauration complète fut menée sous la direction de l’architecte Thierry Lanotte, natif de la région. Ce projet visait autant à préserver qu’à réinterpréter le lieu, dans le respect de son histoire.L’intérieur fut ainsi réaménagé pour accueillir des œuvres contemporaines, tout en préservant l’esprit originel du lieu. Le céramiste Max van der Linden, connu pour ses créations profondément humaines et spirituelles, réalisa plusieurs pièces intégrées dans les murs. Les vitraux, lumineux et sobres, furent réalisés par Jean‑Marie Van Espen, apportant une touche de lumière moderne à cet espace séculaire.Outre Saint Roch, la chapelle abrite également une statue de saint Marcou, autre protecteur populaire, en bois polychrome datant du début du XVIIIᵉ siècle. D’autres objets de dévotion plus anciens sont encore présents, témoins du passage du temps.Le site, aujourd’hui encore empreint de sérénité, est entouré d’un environnement arboré remarquable. Si le grand tilleul a disparu, deux frênes majestueux, eux aussi vieux de plusieurs siècles, continuent de veiller sur l’édifice.Quant à Saint Roch lui-même, il reste une figure profondément touchante. Né à Montpellier vers 1350, il abandonna ses biens pour vivre en pèlerin, soignant les malades lors d’une terrible épidémie de peste en Italie. Lui-même atteint, il se retira dans la forêt, où, selon la légende, un chien lui apportait du pain chaque jour. Il mourut ensuite en prison, incompris de tous, mais honoré depuis comme un modèle de charité et de foi. Dans les campagnes, son culte resta très vivant jusqu’au XXᵉ siècle.La chapelle Saint-Roch de Paliseul incarne encore aujourd’hui cette mémoire collective : celle d’un peuple qui, face à l’adversité, choisit la prière et la solidarité. Elle est un patrimoine vivant, à la fois témoin du passé et espace de recueillement pour le présent.

Sources utilisées pour ce texte :

• Wikipedia – Chapelle Saint-Roch de Paliseul
• Cirkwi – La chapelle Saint-Roch et son ensemble
• UP Paliseul – Chapelle Saint-Roch à Paliseul
• GSARA.tv – Route Verlaine – Paliseul Saint-Roch
• Egliseinfo.be – Lieu de culte – Saint-Roch à Paliseul
• Inventaire du patrimoine wallon