Niché dans le hameau ardennais de Fays-les-Veneurs, sur la commune actuelle de Paliseul, le château-ferme local ne se distingue pas par son apparat princier mais bien par son authenticité rurale.
Édifié à la fin du XVIIᵉ siècle, il incarne une forme typique d’architecture de domaine : un logis sobrement construit et encadré de dépendances agricoles – grange, écuries, étables – qui forment une cour à ciel ouvert.
Il ne s’agissait pas là d’une résidence seigneuriale fortifiée, mais bien d’une ferme d’exploitation seigneuriale, conçue pour gérer un domaine forestier et agricole appartenant à une haute famille ou à un ordre religieux. Sa façade principale, sobrement ornée, trahit toutefois un certain souci de prestige : ici, on voulait marquer une présence, signaler une autorité.
À travers les siècles, la ferme évolue : certaines dépendances sont remaniées au XVIIIᵉ siècle, sans jamais rompre avec la silhouette harmonieuse du site.
Le lieu échappe aux grands tourments de l’histoire, mais reste marqué par la lente sédimentation des époques : matériaux locaux, adaptations pratiques, et la patine du temps qui fait son œuvre.
Fays-les-Veneurs, comme son nom l’indique, trouve ses racines dans une époque où la forêt ardennaise régnait en maître. « Fays » évoque la hêtraie ; « Veneurs » vient du latin venari, chasser.
Ce lieu servait de terrain de chasse pour les rois d’Austrasie à l’époque mérovingienne, et peut-être aussi pour les princes-évêques de Liège et les ducs de Bouillon dans les siècles suivants.
La légende locale prête au village une atmosphère sacrée : certains disent que saint Hubert lui-même, patron des chasseurs, aurait aperçu dans ces bois la fameuse croix miraculeuse entre les bois du cerf, épisode fondateur de sa conversion.
Autrefois village libre, Fays-les-Veneurs devint une commune à part entière sous l’administration française à la fin du XVIIIᵉ siècle. Intégré au département des Forêts, il passa ensuite dans la province de Luxembourg sous le Royaume uni des Pays-Bas, puis la Belgique indépendante.
En 1823, une première fusion avec Nollevaux et Plainevaux forma une commune éphémère, dissoute en 1893. Finalement, lors de la grande fusion des communes de 1977, Fays fut rattaché à Paliseul, où il reste aujourd’hui un hameau pittoresque et préservé.
Sur le plan religieux, le village possède une église dédiée à Saint Rémi, reconstruite en 1930 dans un style néo-gothique sobre mais élégant, typique des années d’après-guerre. Le mobilier intérieur conserve des éléments anciens, parfois récupérés d’édifices précédents, et quelques croix funéraires encastrées rappellent l’ancienneté de la tradition chrétienne sur place.
Le terroir de Fays-les-Veneurs est façonné par l’eau et la roche. Plusieurs ruisseaux irriguent le territoire, jadis marécageux et aujourd’hui drainé : le Fays, l’Aleine, et le Pont-le-Prêtre. Les anciennes ardoisières de Rougebeau, Séhans ou encore Sainte Adèle rappellent une autre époque, où l’extraction du schiste fournissait matériaux de construction et emplois locaux.
Le folklore n’est pas en reste : les anciens du village racontaient autrefois l’histoire de géants surgissant du bois pour piller les faucheurs au lieu-dit « le Bre ».
L’ancienne ferme seigneuriale a été restaurée avec soin et transformée en gîte de charme. Ce lieu accueille aujourd’hui familles et randonneurs désireux de se ressourcer dans un cadre verdoyant. Sauna, bain à bulles et pierres anciennes se marient harmonieusement, faisant de cette bâtisse un pont entre mémoire et détente.
Autour du hameau, de nombreux sentiers de randonnée et boucles VTT permettent de découvrir la beauté paisible des vallées boisées et la richesse discrète d’un patrimoine vivant.