🕊️ Le Cimetière des Sœurs aux Abbyes – Beth

Nichée dans un recoin discret du village de Beth, sur la commune de Paliseul, la propriété connue sous le nom des Abbyes abrite un petit cimetière à la fois humble et chargé d’histoire : celui des sœurs Visitandines qui y vécurent pendant près d’un siècle.

🏰 Une histoire ancienne et spirituelle

Dès le XIIIe siècle, la terre des Abbyes appartenait à de puissantes institutions monastiques : les abbayes de Stavelot et de Saint-Hubert. Elle est mentionnée pour la première fois dans les chartes en 1268. Le site a ensuite connu plusieurs propriétaires laïcs jusqu’à son acquisition, en 1872, par une communauté religieuse fuyant les persécutions en Allemagne.Ces femmes appartenaient à l’ordre de la Visitation de Sainte-Marie, fondé en 1610 par saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal. Animées par une vie contemplative et caritative, les Visitandines établirent leur nouveau monastère dans les murs du vieux domaine de Beth. Dès leur arrivée, elles entreprirent la restauration des bâtiments, transformant la ferme et le château en un lieu de silence, de prière et d’accueil. Une chapelle fut consacrée en 1885.

🏥 Une présence bienveillante dans la tourmente

La communauté ne resta pas isolée du monde. Durant la Première Guerre mondiale, les sœurs ouvrirent les portes de leur monastère pour accueillir des blessés, transformant temporairement les lieux en hôpital de campagne. Leur dévouement et leur discrétion furent reconnus par les habitants d’Opont et de la région, qui se souviennent encore de leur rôle protecteur pendant les heures les plus sombres du conflit.

⚰️ Le petit cimetière : mémoire des âmes silencieuses

Derrière les bâtiments, en bordure nord du domaine, se trouve un petit cimetière fermé, à l’ombre des haies, où reposent les sœurs ayant vécu et prié ici. On y compte environ 80 tombes, disposées de manière simple, avec pour seule ornementation des croix de bois brutes, parfois gravées du nom de la religieuse, parfois anonymes.Les sépultures s’échelonnent de la fin du XIXe siècle jusqu’au départ de la communauté en 1958. Ce lieu incarne la modestie et la sérénité des Visitandines, dont la spiritualité se voulait détachée des fastes. Ce cimetière, discret et presque invisible depuis l’extérieur, demeure un témoignage précieux du passage de ces femmes dans la vallée.

📜 Après leur départ : une nouvelle mission pour les lieux

En 1958, les Visitandines quittèrent Beth pour s’établir à Carlsbourg. Le domaine fut vendu à un entrepreneur, avant d’être racheté en 1984 par une association d’aide à la jeunesse. Il devient alors le Centre Les Glaïeuls, une structure d’accueil pour enfants et adolescents.L’esprit d’accueil et d’attention aux plus fragiles s’est ainsi perpétué dans les bâtiments où résonnaient autrefois les chants liturgiques. L’ensemble a été restauré avec respect, et plusieurs éléments architecturaux d’origine sont encore visibles : une tour-porche de 1777, une tour carrée en ardoise, un pigeonnier ancien, et d’anciens jardins potagers reconvertis.

🔔 Héritage vivant et mémoire locale

Le cimetière n’est pas classé en tant que tel, mais l’ensemble du site est aujourd’hui reconnu comme patrimoine d’intérêt régional. Il peut être visité avec discrétion. Plusieurs sentiers de promenade passent à proximité, et un travail de mémoire a été entamé par le centre des Glaïeuls, qui publie des Cahiers des Abbyes regroupant documents, photographies et témoignages.L’un de ces cahiers est entièrement consacré à ce petit cimetière, à la vie quotidienne des sœurs, et à leur œuvre dans la région. On y découvre aussi des récits touchants de fraternité entre la communauté de Beth et celle de Carlsbourg, comme l’histoire d’une vache donnée par les Frères pour soutenir les sœurs dans leurs débuts.


📚 Sources utilisées :

  • Site du centre d'accueil Les GlaĂŻeuls (www.lesglaieuls.be)
  • Promenades patrimoniales (sitytrail.com)
  • Article Regards d’Ardenne, Ardennebelge.be
  • UP Sainte-Gertrude, Carlsbourg
  • Site BeauxVillages.be
  • TĂ©moignages locaux et « Cahiers des Abbyes », publication interne
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