Le monument disparu du « Bolet » à Maissin

À Maissin, au lendemain des violents combats du 22 août 1914 qui opposèrent les troupes françaises du XIᵉ corps d’armée (Bretons, Vendéens, Angevins) et le VIᵉ corps allemand, des milliers de morts jonchaient le champ de bataille. L’urgence était telle que les autorités allemandes – qui occupaient la région après la victoire – organisèrent rapidement des cimetières militaires provisoires afin d’inhumer les soldats tombés.L’un de ces cimetières se situait au lieu-dit « Le Bolet », sur la route menant de Maissin vers Lesse. Les Allemands l’appelaient Lager Friedhof (cimetière de camp). On y érigea un monument en pierres sèches, orné de dalles commémoratives et surmonté d’une petite croix de pierre. C’est ce monument qui apparaît sur la photographie transmise.Ce cimetière du Bolet était l’un des premiers cimetières militaires désaffectés de la région : les sépultures qui y avaient été creusées furent regroupées, après la guerre, dans les nécropoles permanentes. Dès les années 1920, la Belgique et la France procédèrent en effet à une réorganisation complète des sépultures militaires :

  • Les cimetières provisoires furent supprimés,
  • Les corps furent exhumés et rassemblés dans de grandes nécropoles permanentes, plus faciles à entretenir,
  • Les monuments provisoires, comme celui du Bolet, furent démantelés et disparurent du paysage.

Ainsi, les dépouilles inhumées au Bolet furent transférées principalement vers la nécropole franco-allemande de Maissin, souvent appelée « cimetière Pierre Massé », du nom d’un autre secteur voisin où se trouvait un cimetière provisoire.


La Nécropole de Maissin et le souvenir des soldats bretons

La nécropole militaire actuelle de Maissin, aménagée entre les deux guerres et réorganisée après 1945, abrite aujourd’hui près de 4 800 soldats français et allemands, dont plus de 3 000 reposent dans des ossuaires.En 1932, pour perpétuer la mémoire des Bretons et Vendéens tombés ici, un calvaire breton du XVIᵉ siècle fut transféré de la paroisse du Tréhou (Finistère) et érigé à l’entrée du cimetière. Il rappelle l’importance symbolique de Maissin pour l’histoire militaire française, où le XIᵉ corps perdit plusieurs milliers d’hommes en une seule journée.


Ce qu’il reste du monument du Bolet

Aujourd’hui, il ne subsiste aucune trace visible de ce monument du Bolet : seule la mémoire locale et quelques cartes postales anciennes rappellent son existence. Les habitants de Maissin parlent encore de ce site, situé à proximité de la route de Lesse, comme d’un des premiers lieux de regroupement des morts de la bataille.Son souvenir est important car il illustre les différentes étapes du deuil collectif et de la mémoire militaire :

  1. L’urgence de 1914 : enterrer rapidement les corps.
  2. Les monuments provisoires comme celui du Bolet, construits par nécessité et parfois avec un aspect solennel.
  3. Le regroupement dans les grandes nécropoles, au nom de la pérennité et de la visibilité du souvenir.
  4. La disparition de certains monuments, effacés du paysage mais préservés dans la mémoire et les archives photographiques.

Conclusion

Le monument du Bolet à Maissin n’existe plus aujourd’hui, mais il témoigne d’une phase essentielle de l’histoire locale et européenne : celle de la gestion immédiate des morts de la Grande Guerre. Situé sur la route de Lesse, il fut l’un des tout premiers cimetières militaires provisoires, avant d’être désaffecté et remplacé par la nécropole franco-allemande actuelle. La photographie conservée reste donc un document précieux pour comprendre comment s’est construit le paysage mémoriel de Maissin.


Sources

  • 1914-18.beMaissin : les cimetières militaires provisoires et la nécropole actuelle
  • 1914-1918.beHistoire des combats de Maissin et regroupements de sépultures
  • Geneawiki – Nécropole nationale de Maissin
  • Wikipedia (FR)Nécropole militaire franco-allemande de Maissin
  • Paysages en BatailleLe calvaire breton du cimetière de Maissin
  • Témoignages et échanges sur le groupe « Paliseul d’Antan » (Marie Thérèse Pipeaux, Sébastien Piton).
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