Le château de Beth-Opont, situé dans l’entité de Paliseul en province de Luxembourg, est un site chargé d’histoire, dont les origines remontent à près de mille ans. Il constitue aujourd’hui l’un des ensembles patrimoniaux les plus fascinants de la région.
Dès le XIIᵉ siècle, le domaine de Beth est mentionné comme une seigneurie d’abbaye, relevant des puissantes institutions religieuses de Saint-Hubert et Stavelot. Le site prend une importance stratégique dans la région grâce à sa position sur la vallée de l’Our, un lieu de passage entre les massifs boisés et les plaines.La première mention officielle du domaine date de 1268. On y évoque un vaste territoire rural structuré autour d’un noyau fortifié, utilisé à la fois comme poste de contrôle, résidence religieuse et centre agricole.
Au fil des siècles, le domaine change de mains, passant entre diverses familles nobles influentes des Pays-Bas méridionaux : les maisons de Berlo, de Groesbeeck ou encore de Mérode s’y succèdent. En 1809, c’est le vicomte d’Elzée-Namur qui en prend possession, à une époque où le château rayonne sur un domaine de plus de 300 hectares.À cette époque, le site n’est pas seulement une résidence : on y trouve également des activités économiques, dont une brasserie, une huilerie, un bassin piscicole, une scierie et un verger.
En 1873, le château est acquis par les sœurs de la Visitation Sainte-Marie, un ordre contemplatif féminin. Elles transforment alors l’ancien château en monastère et pensionnat pour jeunes filles, dans une atmosphère pieuse et rigoureuse.Le domaine est profondément remodelé : des bâtiments conventuels sont construits ou restaurés, un cloître est ajouté, ainsi que des jardins d’agrément, une grotte, un calvaire, des vergers et des bassins d’eau. Le site devient un petit monde clos, rythmé par les prières et l’éducation.
Le pensionnat cesse ses activités à l’orée de la Première Guerre mondiale, en 1914. Les sœurs, majoritairement d’origine allemande, restent sur place. Leur présence contribuera à apaiser les tensions avec les troupes allemandes stationnées dans la région, et à épargner les villages voisins (notamment Opont et Our) de représailles ou de destructions.Pendant la Seconde Guerre mondiale, le château est brièvement réquisitionné par l’occupant allemand. Une légende locale évoque un passage du haut commandement nazi, voire d’Hitler lui-même, mais cela reste difficile à prouver.Les sœurs quittent définitivement les lieux en 1958, après près d’un siècle de présence.
Après leur départ, le domaine est vendu. La résidence principale, en partie vétuste, est démolie. Seules les tours médiévales et certaines annexes sont conservées. Le site est morcelé, une partie devient privée, une autre transformée en résidence bourgeoise moderne.Le parc, autrefois si vivant, tombe progressivement en friche.
En 1983, une nouvelle vocation sociale émerge : un centre d’accueil pour enfants en difficulté y est installé. Le parc est restauré et de nouveaux projets éducatifs voient le jour, renouant avec la tradition d’accueil du lieu.Aujourd’hui, une partie du domaine accueille un gîte rural classé 4 épis, baptisé "Château-ferme des Abys", pouvant loger jusqu’à 15 personnes. L’autre partie est résidentielle privée. La comtesse Mathilde Polet de Malakoff est citée comme l'une des habitantes actuelles du site.
Le site conserve plusieurs éléments patrimoniaux remarquables :
À proximité immédiate, on trouve le pont de Beth, construit au XIXᵉ siècle en grès, à deux arches, classé comme monument en 1984.