Les Grands Feux font partie des plus anciennes traditions populaires d’Ardenne et de Wallonie. Chaque année, au premier dimanche de Carême, villages et hameaux allument d’imposants bûchers pour célébrer la fin de l’hiver et accueillir le retour du printemps. Cette coutume, héritée de rites païens, avait à l’origine une portée symbolique et agricole : le feu, associé au soleil, chassait les ténèbres, purifiait la terre et favorisait sa fertilité.
Les bûchers sont toujours érigés sur des hauteurs visibles de loin. Les villageois collectent bois, fagots, paille et anciens sapins de Noël pour bâtir ces monuments de flammes. Jadis, les cendres étaient répandues sur les champs pour protéger les récoltes et enrichir la terre. Une croyance populaire voulait que voir sept feux à la fois protège des sorcières et assure bonheur pour l’année.
Au sommet du bûcher trône souvent le Bonhomme Hiver, fait de paille et de chiffons, incarnant la saison froide. Son embrasement marque symboliquement « l’enterrement » de l’hiver. Dans plusieurs villages, l’honneur d’allumer le feu revient aux derniers mariés de l’année, symbole de renouveau et de fertilité.
Au-delà du rite, les Grands Feux sont un moment fort de convivialité : cortèges costumés, musique, danses, boissons chaudes et plats traditionnels rassemblent toutes les générations. Dans certaines communes, on perpétue aussi des jeux comme le saut au-dessus des braises, censé protéger de certains maux.